Les données scientifiques sont claires : Nous faisons face à une urgence mondiale sans précédent. Il s’agit d’une question de vie ou de mort. Nous devons agir maintenant.

« Nous sommes en pleine urgence planétaire » Professeur James Hansen, ancien directeur de l’Institut Goddard des études spatiales de la NASA.

« Le bouleversement climatique est une urgence médicale… Il faut donc y remédier d’urgence…  » Professeur Hugh Montgomery, directeur de l’Institut pour la santé et la performance humaine du Collège universitaire de Londres, co-président de la Commission du Lancet sur la santé et le changement climatique.

« Il y a urgence, et en cas d’urgence, il faut prendre des mesures d’urgence. » – Ban Ki-Moon, ancien secrétaire général des Nations unies.

L’activité humaine inflige des dommages irréversibles à tous les organismes vivant sur cette planète. Une extinction de masse des espèces est déjà en cours. D’innombrables formes de vie pourraient disparaître, ou être en voie d’extinction d’ici la fin du siècle.

L’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, la terre que nous cultivons, la nourriture que nous mangeons, la beauté, la diversité de la Nature, ses bienfaits dont nous nourissons notre esprit, tout cela est empoisonné, corrompu par les systèmes politiques et économiques, qui encouragent et soutiennent notre mode de vie moderne consumériste à outrance.

Il nous faut agir tant que nous le pouvons encore. Ce que l’on observe maintenant n’est rien par rapport à ce qui va arriver.

Si l’urgence climatique et environnementale n’est pas prise en compte à temps, la population mondiale risque de pâtir de l’emballement de phénomènes hors de contrôle.

  • montée des eaux ;
  • désertification ;
  • feux de forêts ;
  • pénurie d’eau ;
  • perte des récoltes ;
  • famines ;
  • phénomènes météorologiques extrêmes ;
  • des millions de personnes déplacées ;
  • des maladies ;
  • augmentation du risque de guerres et conflits.

Mais nos dirigeants échouent à assumer leurs responsabilités et à agir en notre nom. Nos systèmes de gouvernance actuels sont corrompus, obnubilés par le profit et la croissance économique. Le fait que les politiciens soient susceptibles d’être sous l’influence des lobbies de puissants groupes corporatistes, et les médias sous la coupe des intérets particuliers de géants publicitaires, mine nos fondements démocratiques.

Nous ne pouvons plus nous permettre le luxe de réagir au compte-goutte.

Il nous faut immédiatement réduire radicalement nos émissions de C02 et optimiser le captage et le stockage du CO2 sous-terre. Il nous faut aussi mettre un terme aux industries qui dévastent les mondes terrestres et océaniques, et comprendre que notre survie, que toute forme de vie, est tributaire de la biodiversité.

Seule une mobilisation pacifique internationale, de l’ampleur de celle déployée pendant la Seconde Guerre Mondiale, peut nous permettre d’éviter le pire scenario, et de protéger notre climat et notre environnement.


La tâche qui nous incombe est considérable, mais faisable. De grandes révolutions ont déjà eu lieu par le passé.

Oeuvrons pour un monde meilleur.

Avertissements

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été avertis, alertés, maintes et maintes fois…

1992

En 1992, les Citoyens et Scientifiques pour des solutions environnementales (the Union of Concerned Scientists), dont la majeure partie des lauréats du prix Nobel publient « l’avertissement des scientifiques du monde à l’humanité », appelant les humains à couper court à la destruction de leur environnement, et les avertissant qu’il fallait « radicalement changer de cap pour la planète et ses habitants, si l’on voulait éviter une catastrophe humaine majeure. » Les signataires estiment que nous, humains nous trouvons sur une voie de collision avec le monde naturel, que des changements radicaux doivent être mis en oeuvre urgemment pour éviter les pires conséquences de la trajectoire en cours.

Les auteurs de ce manifeste craignaient que les humains poussent les écosystèmes terrestres au-delà de leurs capacités à pouvoir s’auto-régénérer. Ils ont décrit à quelle vitesse nous approchions des limites de tolérance de ce que la biosphère pouvait supporter sans dommages conséquents et irreversibles. Ils nous ont exhorté à réduire les émissions de gaz à effet de serre, et à sortir des énergies fossiles, à réduire l’ampleur de la déforestation, et à inverser la donne en matière d’effondrement de la bioversité.

2017

En 2017, l’humanité reçoit un deuxième avertissement. Plus de 15000 scientifiques ont co-signé une nouvelle déclaration, sur un ton encore plus alarmiste, avertissant que « Pour enrayer l’effondrement de la biodiversité et l’extension de la catastrophe, l’humanité devait adopter des alternatives environnementales plus durables que la pratique du business as usual (on continue comme si de rien n’était). Ces prescriptions avaient déjà bien été énoncées par les scientifiques les plus éminents il y a 25 ans, mais nous n’avons manifestement pas tenu compte de leurs avertissements. Il sera bientôt trop tard pour modifier la course de notre trajectoire infernale, et le temps est compté. Nous devons admettre individuellement, et au sein de nos instances gouvernantes, que cette terre hébergeant de multiples formes de vie, est la seule planète que nous ayons. »

2018

Au terme de l’année 2018, le secrétaire général des Nations-Unies nous a alerté :

  • l’humanité et la vie sur terre font face à une « menace existentielle réelle » ;
  • le monde doit rapidement prendre des mesures drastiques pour maintenir le réchauffement sous la barre des 1.5°C, et tenter d’atténuer les impacts absolument dramatiques sur les toutes les formes de vie sur terre.

C’est notre dernière chance. Il nous faut agir maintenant.

L’ Air

Les émissions de gaz à effet de serre

Nos émissions de CO2 continuent d’augmente !

« Depuis l’aube de la révolution industrielle, plus de la moitié des émissions de dioxyde de carbone ont été relachées dans l’atmosphère avant 1988 » – Dr. Peter C. Frumhoff, Directeur en charge de la science et des politiques de l’union des Citoyens et Scientifiques pour des solutions environnementales.

Les taux de concentration de dioxyde de carbone ont atteint le record de 411 parties par million (ppm), une augmentation de plus de 45% depuis les niveaux pré-industriels. Ces concentrations sont à leur plus haut niveau depuis au moins 3 millions d’années (bien avant que l’homme moderne soit apparu sur cette planète).

Pour stabiliser les températures, il faut atteindre le niveau zéro émission ! Plus nous tarderons a agir, plus difficile ce sera. Malheureusement, après des années de retards et d’inaction, nous avons atteint le point critique où ne pourrions atteindre nos objectifs, que si nous prenions des mesures d’urgence immédiatement !

http://folk.uio.no/roberan/GCB2018.shtml

Notre maison brûle.

Les activités humaines ont engendré une hausse moyenne des températures globales de 1.1°C depuis la fin du XIXème siècle. Le réchauffement a surtout eu lieu pendant ces 35 dernières années.

https://public.wmo.int/en/files/gmtprepng

Au niveau mondial, les quatre années passées ont été les plus chaudes jamais enregistrées, et les 20 plus chaudes l’ont été ces 22 dernières années.

Parallèlement à la hausse des températures mondiales, nous assistons à une augmentation de phénomènes climatiques extrêmes, tels que canicules et inondations. En étudiant la vague de canicule qui a frappé l’Europe en 2003 (et dont on sait maintenant qu’elle a causé la mort de 70000 personnes), les scientifiques de l’Institut Météorologique britannique ont par exemple démontré, que « il était fort probable… que les activités humaines soient susceptibles d’avoir au moins doublé les risques d’engendrer des périodes de canicule encore plus graves ». Si nous continuons à brûler des combustibles fossiles, de telles vagues de canicules deviendraient la norme estivale en Europe d’ici 2040, et la plupart des étés seraient encore plus chauds d’ici 2060, comme l’illustre ce graphique…

Les observations des records de températures à travers le monde montrent que le réchauffement est de plus en plus susceptible d’être imputable à l’activité humaine (ex : Syrie en 2010, Corée en 2013, Californie en 2014, Royaume-Uni en 2018).

Un rapport de 2018 souligne à quel point les canicules seraient mortelles, et rendraient inhabitable une des plus grandes régions habitées de ce monde, et en conclut que continuer avec la combustion des énergies fossiles conduirait à dépasser « le seuil de tolérance à la canicule que pourraient supporter les paysans chinois travaillant aux champs. »

Le bouleversement climatique du temps de notre vivant.

https://climate-life-events.herokuapp.com/

La pollution atmosphérique

La pollution sous toutes ses formes est responsable de la mort prématurée d’environ 9 millions de personnes, ce qui représente 16% de la mortalité mondiale. La pollution est bel et bien la cause environnementale entrainant le plus de pathologies et de morts prématurées.

La grande majorité de ces décès est due à l’exposition à la pollution atmosphérique, essentiellement à des particules fines (PM2.5) qui pénètrent dans les poumons. Les jeunes enfants, ceux qui ont déjà des problèmes de santé, tels que l’asthme, et les personnes agées y sont particulièrement vulnérables. Au total, 9 personnes sur 10 inspirent désormais un air vicié, et ce, essentiellement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Cette crise sanitaire n’est pas seulement due à la pollution automobile ou industrielle, la qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments est aussi en cause. La moitié de la planète n a pas d’accès a du carburant propre ou à l’electricité, et doit se chauffer avec des poêles à combustibles solides, et s’éclairer aux lampes à pétrôle. Au total, 9 personnes sur 10 inspirent désormais un air vicié qui tue 7 millions de personnes par an (4,2 millions de morts dus à la pollution atmosphérique, et 2,8 millions de morts dus à la mauvaise qualité de l’air au sein des foyers).

Nature : La biosphère

L’extinction de masse des espèces

Le rapport 2019 de l’IPBES (la Plateforme Intergouvernementale Scientifique et Politique sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques) déclare que l’effondrement de la biodiversité nous menace tout autant que les impacts du bouleversement climatique. Nous sommes partie intégrante du monde naturel, et notre survie en dépend.

L’« annihilation biologique » de la faune sauvage ces dernières décennies signifie que la sixième extinction de masse des espèces de l’Histoire est déjà en cours.

Si nous nous penchons sur le cas du Royaume-Uni, le rapport de State of Nature de 2016, le classe comme un des pays « les plus appauvris au monde en matière d’environnement naturel ». Un mammifère sur cinq est menacé de disparaitre des campagnes britanniques, la population de campagnols amphibies et de hérisssons ayant déja chûté de presque 70% ces 20 dernières années. Une autre étude du BTO (Trust britannique pour l’ornithologie) dévoile que plus d’un quart des espèces d’oiseaux sont menacées au Royaume-Uni, dont le macareux-moine, le rossignol, et le courlis. Dans toute l’Europe la population d’oiseaux des campagnes a chuté de 55% ces 30 dernières années !

En règle générale, les espèces disparaissent à un taux 1000 fois supérieur aux taux d’extinctions passées. Les causes directes de cet effondrement de la biodiversité sont la destruction des habitats naturels, la surexploitation, l’introduction d’espèces invasives, l’excès d’intrants chimiques, et le bouleversement climatique.

Le dernier IPV (Indice de la Planète Vivante) fait état d’un déclin de 60% de la population d’espèces vertébrées dans le monde entre 1970 et 2014.

Plus d’un quart des espèces évaluées par l’UICN (l’Union internationale pour la conservation de l’environnement) sont menacées d’extinction, à savoir 40% des amphibiens, 25% des mammifères, 34% des conifères, 14% des oiesaux, 33% des récifs de coraux, 31% de requins et de raies.

Les barrières de coraux sont décimées par les fortes hausses de températures. Ces hécatombes se succèdent de plus en plus fréquemment, notamment en 2016 et 2017, au sein de la grande barrière de corail en Australie. Les modèles prévisionnels estiment que ne serait-ce qu’à partir d’un réchauffement de 2°C, ces vagues de chaleur séviraient chaque année et les récifs de coraux disparaitraient complètement.

« D’ici 20 ans, tous les étés seront bien trop chauds pour les coraux : d’ici 2040-2050, cette espèce prédominante aura disparu des systèmes des récifs. Il est difficile de soutenir le contraire. », déclare le professeur Ove Hoegh-Guldberg qui dirige l’Institut des changements climatiques à l’Université du Queensland.

L’hécatombe des insectes

La diminution catastrophique de la population d’insectes de par le monde, a des conséquences majeures sur les chaines alimentaires écologiques et la pollinisation des récoltes.

Il est clairement prouvé que nombre de populations d’insectes sont gravement menacées et déclinent au niveau mondial, ceci étant dû à divers facteurs dont la perte de leur habitat, les polluants agro-chimiques, la prolifération d’espèces invasives et le changement climatique entre autres.

Une étude conduite en Allemagne sur 27 ans a révélé un déclin dramatique de la population d’insectes de 76%, et une étude récente menée par des scientifiques néerlandais montre que la population de papillons a chuté de 80% ces 130 dernières années. Les auteurs en concluent que « l’agriculture industrielle ne laisse simplement aucune place à la Nature. »

« Tout le monde devrait s’en préoccuper sérieusement, dans la mesure où les insectes sont au coeur de la chaîne alimentaire, qu’ils pollinisent la plupart des espèces de plantes, entretiennnet la vie du sol, recyclent les éléments nutritifs, luttent contre les parasites, et on peut leur attribuer encore bien d’autres rôles. Que nous les aimions ou les detestions, nous humains, ne pouvons pas survivre sans insectes. », déclare le professeur Dave Goulson, de l’Université du Sussex.

Les ressources alimentaires

The Lancet, une des revues médicales les plus éminentes, a publié un rapport concluant que le chaos climatique représentait « la plus grave menace sanitaire du XXIème siècle », non seulement à cause des conséquences directes de phénomènes climatiques extrêmes, mais aussi à cause des perturbations induites sur les systèmes écologiques et sociaux qui assurent notre subsistance.

Insécurité alimentaire

Les sécheresses et inondations de plus en plus sérieuses et régulières, impactent la production agricole, et les températures augmentant parallèllement, font que les secteurs agricoles ont plus de besoins en eau.

« Nous avons déjà observé les conséquences du bouleversement climatique sur le modèle agricole. Nous avons évalué à quoi nous pourrions nous adapter en terme de changement climatique. Mais il y a beaucoup d’éléments auxquels nous ne sommes pas en mesure de nous adapter si nous passons ne serait-ce que la barre des 2°C de réchauffement. Quant à un réchauffement de 4°C, les impacts seraient bien trop élévés et nous ne pourrons simplement pas nous y adapter. » – Dr. Rachel Warren, Université d’East Anglia.

La fréquence de catastrophes climatiques : canicules, sécheresses, inondations, ouragans, a doublé depuis le début des années 90, avec une moyenne de 213 phénomènes climatiques extrêmes par an entre 1990 et 2016. Cela n’est pas sans nuire gravement à la production agricole, entrainant des pénuries de denrées alimentaires, et donc des hausse de prix des denrées alarmantes, et des pertes de revenus, qui limitent encore l’accès à la nourriture aux populations.

Nombre de personnes en proie à une grave insécurité alimentaire, voire pire, et qui requièrent des mesures d’urgence immédiates :

  • 2015: 80 millions de personnes ;
  • 2016: 108 millions de personnes ;
  • 2017: 124 millions de personnes.

La probabilité que des phénomènes climatiques extrêmes frappent simultanément plusieurs grosses régions de production alimentaire mondiale pourrait tripler d’ici 2040 (passant de 1 occurence par siècle à une occurence tous les 30 ans).

Un récent rapport examinant l’impact du bouleversement climatique sur la production alimentaire, pour les quatre plus grands exportateurs de maïs (qui assurent actuellement 85% de l’exportation mondiale de maïs), révèle que « la probabilité qu’ils perdent simultanément plus de 10% de leur production annuelle est actuellement virtuellement nulle, mais elle augmente de 7% si l’on passe la barre des 2°C, et de 86% au-delà de 4°C de réchauffement. »

L’eau

Sécheresse et pénurie

La quantité d’eau prélevée sur terre a augmenté presque deux fois plus que le taux de croissance de la population au XXème siècle.

Le cycle mondial de l’eau est altéré par le dérèglement climatique, les régions humides devenant généralement plus humides et les régions arides devenant de plus en plus arides. Un rapport de l’ONU paru en 2018 souligne qu’actuellement, environ 3.6 milliards de personnes (presque la moitié de la population mondiale) vivent dans une région qui subit potentiellement une pénurie d’eau au moins un mois par an, et cette population pourrait compter entre 4.8 et 5.7 milliards de personnes d’ici 2050.

La hausse des températures va faire fondre au moins un tiers des glaciers de l’Himalaya avant la fin du siècle, même si nous parvenions à ne pas dépasser un réchauffement de 1,5°C. La fonte des glaciers de l’Himalaya et de la cordillère des Andes menace l’approvisionnement en eau des millions de personnes qui vivent en aval.

En 2018, Le Cap, victime d’une terrible sécheresse, a dû mettre en place des mesures drastiques de restriction d’eau. La ville en était à quelques jours de couper son réseau d’approvisionnement en eau, « le jour Zéro ». Les scientifiques du climat ont déjà calculé que la fréquence d’occurence d’une telle sécheresse est passée de 1/300 ans, à 1 par an. Au delà de 2°C la fréquence d’une telle sécheresse serait de 1 tous les 33 ans.

L’élévation du niveau des océans

Le niveau des eaux est rapidement monté ces dernières dizaines d’années. Ceci est principalement dû à deux facteurs liés au réchauffement planétaire : l’apport des eaux issues de la fonte de la banquise et des glaciers, et l’expansion de l’eau de mer, qui augmente naturellement de volume en se réchauffant. La montée du niveau des mers va causer des inondations dans les basses terres, les îles et les régions côtières en général, dans le monde entier.

Le niveau continuant à monter pendant les 15 ou 30 prochaines années, on s’attend aussi à ce que la fréquence des raz-de-marée augmente significativement, infligeant de graves dommages aux populations des régions côtières, en rendant certaines inhabitables, et ce dans le relativement court laps de temps nécessaire au remboursement d’un prêt immobilier moyen.

Un réchauffement de 2°C menacerait d’inondations des régions actuellement habitées par 130 millions de personnes. À 4°C, le niveau des mers s’élèverait tellement qu’il finirait par submerger des terres actuellement habitées par 470 à 760 millions de personnes.

Le volume des calottes glaciaires arctique et antarctique a considérablement rétréci depuis 2002. Depuis 2009 les deux couvertures glaciaires ont perdu beaucoup de leur masse. L’Antarctique perd 6 fois plus de masse qu’il y a 40 ans.

En 2014 une équipe de la NASA a découvert qu’une partie de la couverture glaciaire de l’Antarctique Ouest avait déjà subi ce qu’ils ont appelé un effondrement irreversible, entrainant une élévation du niveau de la mer d’au moins un mètre. Si le réchauffement persiste, ce phénomène d’effondrement va toucher d’autres zones de calotte glaciaire.

« Le niveau des mers monte bien plus vite, et la couverture glaciaire arctique se réduit bien plus vite que nous ne l’avions évalué. Malheureusement, les données d’observation nous prouvent aujourd’hui que nous avions bien sous-estimé la crise climatique. » Stefan Rahmstorf, Professeur en Sciences de la mer.

L’acidification des océans

Le taux d’acidification des océans a déjà augmenté de 30%, du fait du taux de dioxyde de carbone issu de la combustion d’énergies fossiles, dissous dans les eaux, qui modifie leur PH. Si nous persistons sur la trajectoire actuelle d’émission de GES, le taux d’acidité du PH océanique pourrait augmenter de 150% d’ici 2100 ! Cela impactera la vie marine, depuis les coquillages, jusqu’aux récifs de coraux, les privant des éléments nutritifs dont ils ont besoin pour constituer leurs coquilles. Les conditions océaniques seraient telles que les écosystèmes océaniques ne les ont pas connues depuis 14 millions d’années.

Actuellement, le taux d’acidité augmente dix fois plus vite qu’il ne l’a jamais fait depuis 300 millions d’années, compromettant sérieusement la capacité du système océanique à s’adapter.

La banquise

La couverture glaciaire de l’Arctique se réduit actuellement de 12,8 % par décénnie.

On prévoit que d’ici le milieu du siècle, la couverture glaciaire disparaitra totalement en été.

« La couveture glaciaire pourrait avoir déja totalement disparu en été d’ici 2030. Beaucoup plus tôt que ne le projettent la plupart des modèles prévisionnels », Professeur Mark Serreze, Directeur du Centre national de données sur la neige et la glace.

Les scientifiques s’inquiètent actuellement des liens entre les changements consiréables survenus en Arctique et le jet stream, qui contribueraient à accélerer la fréquence d’évènements climatiques extrêmes en basse latitude.

La pollution de l’eau

Le nitrate issu de l’agriculture est maintenant le polluant chimique le plus présent dans les nappes phréatiques mondiales. Ces polluants affectent dramatiquement les écosystèmes aquatiques, la biodiversité et la pêche, par eutrophisation par exemple, causée par l’accumulation d’engrais et autres intrants dans les lacs et les eaux côtières. La taille des zones d’océan mort dans lesquelles il n y a plus du tout d’oxygène a quadruplé depuis 1950, suffoquant les organismes qui y vivent.

La terre

Nous perdons nos terres arables

Plus de 95% de ce que nous mangeons provient de la terre. Cela prend environ 500 ans à la couche superficielle de terre arable du sol pour se constituer sur 2,5 cm dans des conditions agricoles normales. Les activités humaines de déforestation pour l’agriculture, de surpâturage, et l’utilisation de produits agrochimiques ont considérablement contribué à la dégradation et à l’érosion des sols ces 150 dernières années, entrainant plus de pollutions, d’inondations, et de désertifications. La désertification, à elle seule, affecte 2,7 milliards de personnes.

D’ici 2050, on projette que l’appauvrissement des sols et les changements climatiques réduiront les récoltes mondiales de 10% en moyenne, et jusqu’à 50% dans certaines régions. Les vers de terre ne sont pas en mesure de compenser les pertes de terre arable, puisque leur population s’est aussi vertigineusement réduite, d’au moins 80% dans les cultures en chimie. Plusieurs espèces de vers de terre ont déjà disparu, et beaucoup d’autres sont sur le point de connaitre le même sort.

Les pratiques agricoles actuelles ont acidifié le PH de nos sols qui augmente en moyenne de 0,26 tous les 20 ans.

Parallèlement, le degré de salinité des eaux souterraines augmente, et menace les systèmes d’irrigation des cultures. De récentes projections alertent sur le fait que 50% des terres arables pourraient être touchées par un degré de salinité trop élévé d’ici 2050.

Un cas d’extrême urgence

Bien plus soudain que prévu

Les données scientifiques publiées ont tendance à sous-estimer la gravité des menaces, et la rapidité avec laquelle elles peuvent se dérouler.

« Le bouleversement climatique s’accelère plus rapidement et plus dangereusement que la plupart d’entre-nous au sein de la communauté scientique, ne l’avait projeté, ou que ne l’avait envisagé le rapport du GIEC de 2007”, Sir John Haughton, ancien Co-président du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), et ancien directeur général du MET, le service national britannique de météorologie-2008.

« Non seulement tout ce qui est supposé découler du chaos climatique mondial arrive, mais cela arrive plus vite que personne ne l’avait prédit. » John Holdren, Conseiller en sciences et technologies du président Barack Obama, directeur du centre de recherches Woods Hole – 2010

« Nous observons une augmentation des phénomènes climatiques extrêmes, qui va bien au delà que ce qui avait pu être prévu ou projeté. Nous découvrons qu’il y a des facteurs dont nous n’avions pas connaissance jusque-là, qui pourraient amplifier les impacts des changements climatiques causés par l’homme… Les données scientifiques confirment de plus en plus que les impacts se font sentir bien plus tôt, et sont bien plus importants que ce qui avait pu être envisagé. » Michael Mann, Université de Pennsylvanie – 2017

Nous n’avons pas 30 ans pour débattre de tout ça. 2050 n’est PAS l’objectif que nous visons !

Il n’y a aucune certitude, et il est très difficile de tenter de prévoir les effets des changements sur le climat. Le fait de se fixer une date éloignée dans le temps pour atteindre un objectif, c’est un peu comme d’essayer de calculer précisément à quel moment il faudrait intervenir quand on surveille un groupe de tout petits, qui joue au bord d’une falaise… Quand on sait qu’une catastrophe est probablement imminente, on ne calcule pas de combien de temps on a avant d’agir, on fait tout ce que l’on peut pour l’enrayer, et on s’y attelle immédiatement. C’est ce que l’on appelle le principe de précaution. Plus nous tardons à prendre les mesures radicales qui s’imposent, plus nous courons le risque de voir se déclencher un emballement de boucles de rétroaction, qui nous conduirait de manière irreversible à franchir le seuil de basculement vers la « planète-étuve », ou « planète serre ».

Il est clair que nous n’aurions jamais du laisser la situation empirer à ce point. C’est encore pire quand on songe que la moitié des émissions de GES de toute l’histoire ont été libérées ces 25 dernières années, alors que nos gouvernements étaient soi-disant en train de songer à régler le problème. Les gouvernements ne peuvent plus continuer à mettre la barre aussi bas en repoussant la neutralité carbone à 2050. Il nous faut commencer à agir maintenant. Cibler 2025 nous oblige à le faire, alors que 2050 nous condamne à un avenir encore plus sombre. Plus vite nous agirons, mieux ce sera. Il est déjà trop tard pour enrayer les destructions et pertes massives. Des sécheresses, des inondations, des feux de forêt, des typhons et des cyclones, conséquences du dérèglement climatique, rendues plus fréquentes et plus graves par notre mode de vie, sont en train de tuer des gens et de détruire des communautés en ce moment même. Reste à savoir si nous pourrons agir à temps pour limiter les dommages, et espérer échapper à l’horreur du pire des scénarii. La plupart des données suggère qu’il serait encore tout juste temps. 2050, c’est une génération trop tard. Ce serait impardonnable, et très probablement franchement désastreux.